Réseaux sociaux : entre lèches-bottes, chantage et mendicité déguisée, on peut mieux s’affirmer par le talent et la patience
De nos jours, ils sont nombreux, les récipiendaires de faveurs par-ci, de grâces par-là, grandes et petites. Leur seul mérite, leur seule prouesse, chanter les louanges « du boss », vanter les forces et cacher les faiblesses du « chef ».
Ces troubadours des temps modernes aux apparences trompeuses envahissent la toile, de manière à friser l’indécence. Ils s’illustrent entre lèche-bottes, chantage, mendicité déguisée et ce, n’en déplaisent aux donneurs de leçons et autres gardiens de la morale.
Les plus professionnels d’entre eux pondent des tribunes taillées à la semaine, les plus futés s’agitent dans des commentaires salés. Les flûtes et les trompettes ont laissé place aux téléphones connectés. Il suffit désormais à ces colporteurs de rumeurs, ces kalabantés du net, de disposer d’un smartphone, d’une belle prise d’image et de savoir aligner quelques lignes, le coup est joué pour pomper les faveurs du p’tit Roi.
C’est devenu un marché juteux, fleurissant. Un appétissant plat qui attire inéluctablement ces crieurs publics sur la toile. Ils savent faire, défaire et refaire selon les circonstances et les régimes. Ils se promènent de baptême en baptême, d’anniversaire en anniversaire, d’un mariage à un autre, d’un ministère à une direction…. en quête d’un potentiel bienfaiteur. Un simple cliché avec eux, le prix d’un pass internet… hop et bonjour les salamalecs, les attalakous ils sont capables de peindre un démon en ange et vice-versa, voire se donner en mouton de sacrifice aux adversaires de leur GRAND, pardon j’ai voulu dire les détracteurs de leur butin.
Dans notre pays, malheureusement, le mérite, l’excellence et l’intégrité seuls ne suffisent pas pour être dans les bonnes grâces. Il faut savoir faire montre de talents de « Communicant », de pseudo influenceurs. Dans les services publics et voire même dans le secteur privé, pour se distinguer et vite monter en échelon, il faudrait pour certains faire preuve d’une dose non négligeable de démagogie. Au point de friser le ridicule. Ne pas manquer d’inspiration pour défendre l’indéfendable. C’est cela la marque de loyauté préférée du « chef » sous nos tropiques.
Déplorable !
Un tel comportement n’honore pas toute personne animée d’une ambition honorable. Hélas, le griotisme sur la toile est devenu le sport favori pour une certaine jeunesse devenue partisane du moindre effort. Ils arpentent les couloirs du palais, s’affichent aux premières loges des banquets, s’invitent aux restaurants les plus huppés. N’est-ce pas qu’ils sont enviables ? Ils sont capables de vous dire que l’honneur et la dignité ne nourrissent pas son homme, sinon la Guinée depuis 1958 … je vous laisse vous faire une idée de la suite.
Attention ! Les erreurs de notre jeunesse finissent toujours par nous rattraper. Il est bien vrai que chaque être a besoin d’un autre pour se sortir d’une situation difficile, bénéficier d’une faveur mais ceci doit se faire avec intelligence, avec scrupule au risque de laisser ses plumes sur le chemin.
A nos bienfaiteurs connus ou méconnus, ils méritent infiniment notre reconnaissance. Mais de-là à conter, raconter, relater leurs gestes à tout-bout-de-champ de façon envahissante sur les RS, c’est réducteur et c’est même de la mendicité déguisée. On n’en a pas besoin. En se comportant ainsi, on perd l’estime de ces GRANDS.
Après tout, nous sommes des pères et mères, des fils et filles, des époux et des épouses de quelqu’un et je gage que nous ne les honorons point avec ces agissements. Alors, on peut mieux faire par le talent et la patience pour s’affirmer sur la toile.
Ibrahima Diallo, Mastérant en Communication publique et politique.