La tribune de Mandian Sidibé : avec le colonel Mamadi Doumbouya et le CNRD, la voie du salut est déjà tracée…

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La Guinée allait mal et se cherchait. Pour avoir refusé d’y prêter suffisamment attention, le régime déchu l’a payé cash et ne peut s’en prendre qu’à lui-même ! Il ne sert donc à rien de lui chercher aujourd’hui des alibis, surtout pas celui qui insinue de manière honteuse un « complot » des militaires qui pourtant souffraient au même titre que les populations.

L’avènement du CNRD avec à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya a été donc perçu comme une délivrance par la grande majorité des Guinéens. Le Président Doumbouya se voit ainsi confronté à d’énormes chantiers pour transformer qualitativement ce pays et dans tous les domaines. Et de tous les chantiers que le CNRD veut mettre en œuvre au cours de cette transition, celui des réformes politiques et institutionnelles reste au nombre des plus importants. Important du fait de son ampleur, mais aussi et surtout de sa délicatesse, si tant est que nous convenons tous que notre processus démocratique, mérite d’être «revu et corrigé», afin de le débarrasser de certaines scories, pour le pérenniser, dans la perspective d’asseoir des institutions stables, fortes et durables.

Sur le premier point, les griefs majeurs que d’aucuns imputent au système politique guinéen, tiennent à la prépondérance de la fonction du premier magistrat, à la faiblesse, voire à «l’incurie» de l’Administration électorale (nonobstant les reproches faits au code électoral), au manque de visibilité et de lisibilité des actions de certaines institutions, à la non prise en compte de tout le spectre citoyen du pays, etc.

Si le premier reproche, à savoir celui portant sur la «toute puissance» du Chef de l’Etat, participe, nous semble-t-il, des «fantasmes» qui habitent tous les opposants africains, qui voient souvent à travers cette prépondérance une volonté de «verrouiller» le système politique, alors qu’elle est bien souvent le reflet de nos cultures africaines et aussi un héritage de notre histoire, les autres points en débat, méritent que l’on s’y penche sérieusement pour clarifier et fluidifier le jeu démocratique.

On a frôlé, par moments, le pire, avec le troisième mandat et la Guinée mérite mieux que ces atermoiements et autres approximations qui ont émaillé le pays depuis 2010. Il y a donc matière à débat pour tous les juristes férus de droit constitutionnel et pour la classe politique dont la contribution devra aller au-delà des invectives pour être réellement fructueuse. Il est trop facile de jouer au docte donneur de leçons, après coup, après avoir joué aux abonnés absents, au moment des contributions, comme au cours de ces Assises nationales. Chacun devra donc accepter de s’assumer pleinement.

Sur le second point, nul n’ignore d’où nous venons et cela doit nous éclairer pour savoir où nous voulons aller. Il y a à peine quelques mois, en effet, la Guinée était sous la férule de la pensée unique avec une division du peuple en « catégories » qui a entraîné une fracture sociale profonde. Certains en étaient même à parler de «reniement» pour la simple raison que les sages du pays étaient vilipendés à tout bout de champ au nom d’une pensée politique dont le sectarisme était aux antipodes de nos pratiques multiséculaires. Mauvaise assimilation ou excès de zèle des anciens caciques du régime déchu, on ne le sait trop même si cette analyse biaisée de la situation ne pouvait qu’entraîner une implosion du système. Un système qui avait cependant eu le temps de faire des dégâts surtout au plan humain, et aurait perduré si le colonel Mamadi Doumbouya n’avait pas mis le holà le 5 septembre dernier.

Le colonel Mamadi Doumbouya est de ce fait ange ou démon selon les angles d’analyse et les chapelles politiques. Dans cette occurrence, on perçoit la délicatesse de sa position surtout avec cette justice de comptoir que l’on a voulue, sous l’impulsion de certains politiciens opportunément déguisés en défenseurs de droits humains, appliquer à certaines affaires. C’est dire que pour solder les comptes politiques du passé, il va falloir donner du temps au temps et rassurer tous les acteurs politiques.

Pardon sans amnésie, réconciliation sans exclusion, construction de l’avenir sans occulter le passé, voilà les voies royales pour éviter de réveiller les vieux démons, retourner les couteaux dans les plaies et remettre à flots les vieilles rancœurs des périodes troubles des années de braise. On le voit, cette refondation est non seulement politique, mais elle est aussi sociale pour ne pas dire culturelle. Il s’agit de nous réconcilier avec nous-mêmes et les valeurs cardinales de tolérance, de paix, de «sacralité» de la vie humaine et de pardon qui ont toujours caractérisé le Peuple guinéen.

A coté de nous, des exemples éloquents montrent où vont les peuples qui ont décidé de fouler au pied lesdites valeurs. Cette renaissance qui passe aussi par l’équité et la justice sociale commande selon le CNRD, de promouvoir le développement institutionnel, de construire un environnement juridique et judiciaire plus efficient, de consolider les fondements de la croissance, de promouvoir la solidarité nationale et le développement global…

Assurément, on peut le dire sans être le courtisan que les œillères de certains font voir à tout bout de champ, que Doumbouya sait là où il veut conduire la Guinée. Le chemin est bien balisé et l’objectif clairement établi. Mieux, l’immense majorité lui a donné quitus dès la prise du pouvoir. Le plus dur est néanmoins à venir : convaincre les Guinéens de toutes les conditions et de toutes les obédiences politiques ou philosophiques d’oser le saut qualitatif.

C’est le challenge qui est le sien pour ne pas dire, celui du Peuple tout entier parce qu’il s’agit en réalité de cela. Ce n’est pas qu’il ne soit pas conscient des enjeux ou qu’il marquerait quelques réticences à s’engager, mais certains acteurs n’hésitent pas à polluer la question de considérations politiciennes. Non contents de mettre en avant ce qui serait selon eux, des compromis politiques intangibles, ils vont jusqu’à lui souhaiter les pires malheurs si d’aventure il lui prenait de ne pas céder à leurs sirènes et caprices.

Bref, que doit-on répondre, à présent, aux fatalistes qui étaient pourtant résignés à subir six nouvelles années de dictature, sous le sceau, bien évidemment, d’un troisième mandat unanimement décrié ? Où étaient les mêmes fatalistes lorsque toutes les libertés fondamentales furent confisquées, en Guinée, par un Pro-faussaire de Droit ?

Mandian SIDIBE, Journaliste

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